Ahmed, de Lyon à Sharjah

Ahmed est un entrepreneur dans l’âme qui a décidé de partir aux Emirats fin 2021. C’est avec plaisir que je vous partage notre entretien sur son parcours.

Avant le départ :

Peux-tu nous parler brièvement de ton parcours ?

Alors moi déjà je n’ai pas fait de grandes études, en tout cas pas de longues études… Après le collège, je suis parti directement en filière professionnelle. J’ai fait un BEP tertiaire en gros comptabilité-commerce à Lyon. J’ai continué en bac pro une année. Pendant cette période de bac pro, j’ai fait un stage et on m’a directement demandé si je voulais continuer à travailler…  Du coup, j’ai continué et j’ai arrêté l’école.

Mais j’y ai travaillé très peu de temps. Ensuite j’avais une activité commerciale pendant une période. J’ai toujours eu cette fibre commerciale mais j’ai arrêté et j’ai fini par exercer dans l’industrie chimique en tant qu’opérateur technicien pendant 6 ans.

Durant la cinquième année, je me suis relancé dans le commerce. J’ai ouvert une boutique de prêt-à-porter, ça m’a redonné le goût pour l’entrepreneuriat et du coup j’ai arrêté de travailler dans l’industrie chimique.

Tu as ta boutique, tu es posé, pourquoi tu décides de partir ?

Il y a cette envie d’évolution religieuse et je sais qu’elle passe en grande partie par la hijra. Puis il y a ma fille qui naît, Al HamdouliLlah, et les choses en France ou en Europe en général ne vont pas en s’arrangeant pour nous du coup je me dis que la hijra n’est plus une option mais qu’il n’y a plus le choix maintenant.

Et pourquoi avoir choisi les Emirats ?

Au départ, on ciblait le Maroc. On y est allé plusieurs fois et tout se passait plutôt bien. Au moment où on a voulu concrétiser le départ, ils ont fermé le pays pour la deuxième fois à cause du COVID. Les conditions sanitaires et les restrictions qu’il y avait là-bas étaient trop compliquées. On craignait que ça continue comme ça et qu’on soit bloqués.

Du coup tu as pensé aux Emirats ?

Oui, les Émirats, on connaissait déjà. On y venait souvent en vacances, on aimait déjà mais on avait de l’appréhension au niveau financier. C’est pour ça qu’on avait choisi le Maroc qui, pour nous, était plus adapté à nos finances. Finalement le Maroc ça ne s’est pas fait.

Et un jour je suis à la mosquée de chez moi et je sens une odeur, une odeur de musc mais que je ne sentais qu’aux Emirats. Et l’odeur m’a donné envie de revenir aux Emirats. Et en sortant de la mosquée, je tombe sur un frère proche de moi et il me dit quoi ? Il me dit : « Ça y est, moi je pars ! ». Je lui dis « Tu pars où ? », il me répond « Je pars vivre aux Emirats, à Dubaï. ». J’ai vu ça comme un signe.

Du coup je lui dis « Ecoute, dès que tu es posé aux Émirats, tu me dis et je te rejoindrai pour voir en éclaireur ». Trois semaines après il m’appelle et me dit qu’il a commencé les démarches et que si je veux, on peut s’associer dans la création de la société. Voilà comment finalement je suis arrivé ici, al hamdouliLlah.  

Tu connaissais déjà les Emirats, tu n’as pas eu besoin de plus t’informer avant de venir ?

Si, avec ma femme on a regardé pas mal de sites qui donnaient des informations. On regardait également YouTube avec le frère de followmeforhijrah. Puis il y avait le frère avec qui je me suis associé qui était bien informé. J’avais également ma sœur qui a vécu ici pendant deux ans avec son mari et ses enfants.

Pour voir les Emirats en images, rejoignez moi sur ma chaine Youtube.

L’installation :

Est-ce que tu peux nous raconter tes premiers mois ici ?

Honnêtement, ça s’est très bien passé. Je pensais venir en éclaireur juste pour me renseigner et finalement j’ai été tellement facilité, j’ai lancé les démarches sans m’en rendre compte. Et du coup, quand je suis revenu ici en famille, Al hamdouliLlah j’avais déjà mon Emirat ID (carte de résident) et c’est une chose qui nous a beaucoup facilité. En deux semaines on avait déjà notre appartement donc Al hamdouliLlah, j’ai eu beaucoup de bienfaits en arrivant ici.

Et qu’est ce qui t’a semblé le plus dur au moment de l’installation ?

Les deux/trois premiers mois c’est clairement le manque de la famille mais en dehors de ça… Non, honnêtement je n’ai pas vraiment eu de choses qui m’ont bloqué… Je pense qu’on est unanime sur le fait que les démarches administratives sont beaucoup plus simples qu’en France.

Ah si, peut-être le permis parce qu’il y a une nouvelle façon de faire changer son permis qui est assez récente…  

Le quotidien aux Emirats :

Que dirais-tu du coût de la vie ici ?

Clairement, le coût de la vie globale est relativement similaire à la France. En ce qui concerne les courses, c’est quasiment similaire sauf si on achète des produits issus de l’importation française comme le fromage ou d’autres produits de ce genre-là.

Voilà, les choses qu’il faut vraiment prendre en considération c’est l’école et le logement, c’est un vrai budget. Pour le logement, je paye plus ici mais pour une qualité bien supérieure à ce que j’avais en France. Après, ça dépend d’où tu viens en France mais pour le même standing qu’à Lyon par exemple, ce sera moins cher ici.

Et pour tes enfants, comment se passe la vie aux Emirats ?

J’avais des appréhensions les premiers mois surtout pour ma fille vu que mon fils n’avait qu’un an en arrivant ici.

J’ai mis ma fille dans une école pour la préparer pour l’année prochaine et au début c’était très dur mais ça a duré à peine un mois. C’était dur de la poser, la voir pleurer, tu as l’impression de l’abandonner mais tu es obligé de passer par là et c’est un laps de temps très court.

Aujourd’hui, al HamdouliLlah, elle commence à communiquer comme il faut. Honnêtement, elle s’en sort déjà pas mal en anglais et en arabe elle apprend quelques mots.

Quel profit aimerais-tu que tes enfants tirent de ta hijrah ?

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Clairement, la religion et la sécurité. C’est les deux gros facteurs qui me rassurent aux Émirats.

Cliquez pour découvrir mon article 5 raisons de faire la Hijrah aux Emirats.

Qu’est ce qui t’embête le plus au quotidien depuis que tu vis ici ?

(Il réfléchit)

Peut-être les embouteillages ?

C’est vrai… Si quelqu’un vit à Sharjah et travaille à Dubaï ça va être dur. Ça va être très compliqué surtout s’il travaille aux horaires de pointe ça va être très très compliqué. Je pense qu’il vaut mieux qu’il change de ville.

Ok, et qu’est ce que tu aimes le plus dans ton quotidien ici ?

Clairement c’est qu’ici j’ai tourné mon mode de vie autour de la religion, donc tous mes rendez-vous sont calés en fonction des heures de prière. L’adhan que tu entends à chaque prière. Les mosquées aussi, Sharjah c’est l’émirat où il y a le plus de mosquées au mètre carré donc il y a une telle facilité à faire ses prières à la mosquée que si tu en loupes une à la mosquée tu as un manque !

Mais avant de venir ici, tu es étais le patron de ta boutique, ce n’était pas possible de prier comme tu voulais ?

En fait, je pouvais faire mes prières dans leur temps mais pas forcément les faire à la mosquée. La mosquée se trouvait à 15 min, il aurait fallu que je ferme à chaque fois la boutique. Le temps d’aller, de revenir, le temps de la salat, c’était facilement 45 minutes. Tu ne peux pas fermer ta boutique 45 min trois ou quatre fois dans la journée.

Est-ce qu’il y a un endroit particulier que tu aimes ici ?

Bon, ce n’est pas un endroit où on pourra aller tout le temps et je n’incite personne à y aller souvent d’ailleurs mais j’ai tellement kiffé. C’est Atlantis. Il y a des choses là-bas qui vont te déplaire, c’est sûr. Tu vas te dire « Bon, qu’est-ce que je fais ici ? » Mais à côté de ça tu te dis que tout est vraiment au-dessus. Tout est fait pour que ça soit mieux que ce que tu as ailleurs.

Ses conseils :

Que dirais-tu à quelqu’un qui pense à venir ouvrir sa société aux Emirats mais qui est encore dans l’hésitation ?

Comment je pourrai plus l’encourager que la promesse d’Allah ? Il nous a promis maints refuges et abondances pour celui qui émigre (Sourate 4 Verset 100). Et nous on ne sait même pas ce qu’est l’abondance d’Allah !

Le conseil que je peux leur donner c’est qu’une fois que leur projet est travaillé, qu’il est suffisamment établi, il ne faut pas rentrer dans le wass wass de « Ouais, je ne suis pas prêt, je n’ai pas assez… ». Bien sûr, comme tout projet ça se prépare mais moi je l’ai préparé pendant un délai qui était trop long à mon goût. Et encore, c’était un an et demi. J’entends des frères ça fait cinq ou six ans qu’ils me disent « Je prépare ma hijrah ». Au bout d’un moment faut partir et placer sa confiance en Allah mais bien sûr pour ceux qui peuvent le faire (aux Emirats). Il ne faut pas se lancer dans la gueule du loup en partant alors que tu n’as pas un euro !

Selon toi quelle est la différence entre ceux qui font les causes nécessaires et ceux qui « se jettent dans la gueule du loup » ?

Je pense que c’est l’intention. Faut être sincère envers soi-même concernant sa niya. Tu ne peux pas te mentir à toi-même et donc si ta niya est bonne, ta confiance et ton mindset vont être forgés à toute éventualité. Donc tu vas faire preuve de patience. Si tu es éprouvé dans ta hijrah, tu vas essayer de trouver une issue par la grâce d’Allah bien sûr.

Voilà et quand je disais « se jeter dans la gueule du loup » c’est la personne qui se dit : « Bah ouais c’est Dubaï, super ! Ah ouais, les voitures sont moins chères bah du coup au lieu d’acheter une 207 comme j’avais en France, je vais acheter un Q7 et Dubaï life, let’s go et puis je sais qu’il y a de l’argent là-bas. Il y aura moyen de faire de l’argent. Je vais y aller et voir sans avoir de plans. »

Il ne faut pas se dire « Je pars à Dubaï, je vais changer de mode de vie ! ». Au contraire, c’est le moment d’enlever tout le superflu. Il faut essayer de vivre comme on vivait en France avec du superflu en moins.

Si ton intention est bonne, que tu t’es préparé et que tu essayes de réduire au maximum les choses futiles, je ne vois pas comment tu ne réussirais pas.  Ceux qui viennent avec des diplômes c’est un point en plus mais sinon il faut voir ses qualités, son domaine et essayer de faire son truc.

Il ne faut pas foncer bêtement les yeux focalisés sur un objectif qu’on n’a pas forcément travaillé. Mais il ne faut pas non plus se mettre des bâtons dans les roues pour rien.

Regarde le frère untel (il cite un frère que l’on connait), c’est un exemple pour nous ! Il était dans la logistique en France. Il est venu avec tous ses enfants, qu’Allah les préserve. Et aujourd’hui il est shopper, un jour il vend du miel, un autre jour des abayas, un autre jour de l’huile de nigelle… Regarde, rien que j’en parle ça me fait vibrer la voix, Allahuma Barik, c’est un exemple. Quand je pense à lui, je me dis « Il est trop fort ! ».  

Le plus important, c’est l’intention !

Naam et Allah accorde le succès à qui Il veut. Merci Ahmed.

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Un commentaire

  1. Allahoumaberek, je pense que c’est une très bonne chose de recueillir le témoignage de personnes qui ont déjà l’expérience de la Hijra.
    J’espère inchallah rejoindre Ahmed d’ici quelques mois et pouvoir m’installer à Sharjah également (surtout que je suis aussi de Lyon …)
    Pour ma part, ma décision est prise, j’irais passer quelque jours à Sharjah Inchallah cette année en famille et j’espère pouvoir m’y installer derrière avec la permission d’Allah.
    Honnêtement, le sujet que j’appréhende le plus est comment je vais gagner ma vie la bà.
    BarakAllahoufikoum Ahmed et Abu Maryam pour ce témoignage avec beaucoup d’enseignements.
    Djamel

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