Mehdi, de Montpellier à Sharjah

Mehdi est instituteur aux Emirats depuis septembre 2021. Parti de Montpellier, il vit aujourd’hui à Sharjah et a accepté de nous raconter son parcours et partager quelques conseils.

Avant le départ :

Peux-tu nous parler brièvement de ton parcours ?

J’ai grandi dans une petite ville du sud de la France.

J’ai fait mes études en fac de sport à Montpellier pour devenir prof de sport. Dès que j’ai fini ma licence, j’ai changé de ville. J’ai voulu voir autre chose. Je suis parti du côté de Lyon. J’ai voulu continuer mais bon…  concours de circonstances, je me suis inscrit trop tard. J’étais obligé de changer de trajectoire et je me suis orienté vers le concours de professeur des écoles du coup parce que je ne voulais pas rester sans rien faire.

Ensuite, une fois que j’ai validé ma première année de master, je me suis dit bin écoute je continue dans ça… J’ai commencé à enseigner là-bas et j’ai commencé à travailler un peu dans les écoles de quartier.

Pourquoi tu as voulu partir ?

Dès que j’ai eu mon concours j’ai toujours eu le souhait de partir. Ça a toujours fait partie de mon plan de carrière. Je suis quelqu’un qui aime voir le monde et je voulais vraiment partir ailleurs et voir autre chose déjà en master. Dès mes études, j’avais demandé quelques pays pour pouvoir partir et voir d’autres cultures. Et puis finalement ça n’avait pas pu se faire. Ensuite, j’ai commencé à travailler et puis de fil en aiguille j’ai commencé à m’intéresser à l’expatriation en tant que professeur des écoles et finalement Allah m’a facilité.

J’avais le souhait d’arrêter de travailler le vendredi et de me mettre à 80% pour justement pouvoir pratiquer ma religion et aller au jumua’. Donc moi ça m’allait très bien de venir aux Emirats lorsque l’opportunité s’est présentée.

Comment tu t’es informé sur les Emirats avant de venir ?

Je suis parti chercher sur internet comme la majorité des gens je pense. J’ai vraiment trifouillé le net de partout que ce soit YouTube, internet tout ce qui se présentait à moi jusqu’à voir la carte pour voir comment était configuré un peu la ville de Sharjah.  

Ensuite, j’ai demandé directement à mes interlocuteurs à l’école. Ils m’ont déconseillé de m’installer à Shajrah parce que la ville est connue pour être beaucoup plus conservatrice que Dubaï. Et du coup, dans la mesure où certains de mes collègues ne sont pas musulmans, pour eux Sharjah ce n’était pas attirant. Mais pour moi c’était le contraire.  

L’installation :

Est-ce que tu peux nous raconter tes premiers mois ici ?

La première difficulté c’est quand tu arrives et que tu ne connais pas, il n’y a personne pour t’aiguiller. Ça veut dire que tu cherches tout par toi-même ! En fait, t’as pas de repères et t’as personne qui peut te partager son expérience et ce n’est pas facile quand t’arrives avec ta femme et tes deux enfants ! En plus, il faisait extrêmement chaud, il faut s’habituer. Puis il faut tout de suite repérer les endroits où faire les courses, les hôpitaux, etc.

En plus il y a eu des soucis pour mes papiers, ça a mis du temps et c’était compliqué de rester tout ce temps à l’hôtel. Et quand j’ai dû quitter l’hôtel, qui était pris en charge par l’école pour 3 mois, je n’avais toujours pas mes papiers donc j’étais vraiment dans l’embarras ! Et pour ma famille, on avait dépassé le délai de 3 mois pour le visa touriste donc j’ai eu une amende… Enfin, bref ! Comme m’a dit ma femme « une expatriation sans difficulté ce n’est pas une expatriation ».

Le quotidien aux Emirats :

Quels sont les changements entre ta vie professionnelle ici et celle en France ?

C’est complètement différent, ici on parle 3 langues à l’école, l’anglais, le français et l’arabe. Les gamins en face ne sont pas les mêmes qu’en France. Là-bas j’étais dans les quartiers populaires, ici c’est plutôt des familles aisées. Puis l’école coûte extrêmement cher par rapport au standard français. Donc il y a un rapport avec les parents qui est complètement différent, on est plus sous la forme d’une entreprise. Il y a donc une attente particulière des parents et il y a un suivi régulier à leur apporter justement parce qu’ils font un gros effort au niveau financier.

Quel profit aimerais-tu que tes enfants tirent de leur vie ici ?

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L’intérêt c’est qu’ils puissent apprendre le Coran in sha Allah. Mais aussi qu’ils soient polyglottes, c’est à dire qu’ils parlent trois langues. Au-delà de ça, c’est l’idée de grandir aussi dans un pays musulman. C’est complètement différent que de grandir dans un pays occidental.

C’est la croisée des chemins en fait ici, la croisée des cultures et si tu es ouvert, tu vas t’ouvrir au monde et tu vas découvrir les différentes cultures et ça développe certaines qualités comme  la tolérance.  

Que dirais-tu du coût de la vie aux Emirats ?

Je dirais qu’ici tout dépend de la manière dont on veut vivre. Il y en a qui viennent ici pour vivre comme s’ils étaient en vacances. Manger dehors tous les soirs, faire des activités tous les week-ends… Enfin bref, si tu vis au-delà de tes moyens, effectivement ce n’est pas possible.

Autrement, je dirais que c’est à peu près les mêmes dépenses qu’en France. Il y a forcément des choses qui sont différentes par exemple tout ce qui est abonnement téléphonique, abonnement internet c’est un peu plus cher mais après tout ce qui est nourriture tu peux trouver les mêmes prix voire moins chers.

Ici il y a 3 choses vraiment chères : la scolarité, la santé et le logement. Voilà les trois points qui sont un peu plus chers qu’en France mais après honnêtement au-delà de ça c’est pareil et dans certaines choses ce sera moins cher ici.

Avec du recul, qu’est-ce que tu aimes le moins aux Emirats ?

Ah oui clairement la circulation, c’est vraiment ce qui est le plus chiant. Après, tout est relatif, moi à la base je viens d’une petite ville. Peut-être qu’un parisien trouvera ça normal.  

Et qu’est-ce que tu aimes le plus ?

L’islam ici. En fait, ça fait partie de mon quotidien d’entendre l’appel à la prière, ça me facilite complètement mais même au-delà de ça. C’est-à-dire que même dans l’établissement où je travaille, j’ai plus à me cacher en fait, je peux prier normal. Fini de se casser la tête… En France, je devais m’adapter au travail, à l’environnement parce que je suis musulman. Ici, quand c’est l’heure de la prière, je peux dire aux collègues « Bon, je vais prier » parce que c’est la norme. La norme c’est moi et c’est à eux de s’adapter à moi. C’est ce qui change tout.   

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Quel est ton endroit préféré aux Emirats, où aimes-tu te poser ?

Il y a une chose qu’on aime beaucoup faire avec ma femme, c’est partir se promener sur la corniche. Même quand je rentre, j’aime y passer, le paysage, la vue… Il y a des moments difficiles mais quand je vois ça le matin quand je me lève, je me dis louange à Allah, je sais pourquoi je suis là.

Ses conseils :

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite s’installer aux Emirats ?

Ici en fait c’est le champ des possibles, clairement c’est vraiment ça. Tout est possible. Je dirais donc de postuler directement auprès des écoles si c’est un instituteur ou de venir sur place postuler s’il n’est pas enseignant. En France, on est cloisonné à son domaine d’études. Ici, ce n’est pas le cas. Si on est futé, si on est malin, on peut faire d’autres choses et c’est ouvert.

Qu’est ce que tu dirais à quelqu’un qui hésite encore à l’idée de venir aux Emirats ?

Moi je dirais en fait qu’une expérience ça se tente. Après on peut avoir des regrets parce qu’on n’a pas fait ça comme ça ou ça comme ci. Mais au moins on aura le mérite d’avoir essayé et d’avoir tenté son aventure. Pour moi c’est vraiment ça, c’est à dire que du coup quand on hésite vis-à-vis d’un projet qui nous tient à cœur, je me dis qu’est-ce qu’on a à perdre ? Au pire on revient au point de départ mais au moins on aura vécu quelque chose. On aura appris quelque chose alors que celui qui ne part pas, il n’a rien appris et il vivra sûrement avec des remords. Parfois, il ne faut pas trop trop calculer, si on a cette opportunité, il faut y aller ensuite c’est Allah qui facilite. Moi-même on me disait que c’était risqué avec deux enfants etc. Mais au final j’avais tout à gagner et c’est vraiment le cas.

Merci Mehdi.

2 commentaires

  1. Salam aalaykoum,
    BarakaAllah ou fik pour toutes les précieuses informations.
    Comment peut on contacter Mehdi pour d autre information sur l enseignement dans les écoles AEFE ?
    Qu Allah vous faciliter

  2. As Salam Alaykoum,
    Merci pour ce témoignage ! Je suis étudiante en deuxième année de Master meef, estc-ce que le voile est accepté dans les établissements français étrangers ?

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